La filmographie de Naomi Kawase se démarque par un traitement unique des rapports familiaux au sein de la nature, avec un ancrage typiquement japonais. Focus sur une réalisatrice inspirante, entre cinéma spiritualiste, poétique et écologique, mêlant fiction et approche documentaire.
Des documentaires gracieux et contemplatifs
Elevée par des parents adoptifs, Naomi Kawase passe son enfance à la campagne, dans la région de Nara, qui va alimenter sa passion pour le cinéma autobiographique.
Naomi Kawase étudie la photographie à l'école des arts visuels d'Osaka. Elle y réalise des court-métrages expérimentaux. En 1989, elle décroche son diplôme et commence à enseigner. Parallèlement, elle entame sa carrière de cinéaste avec un documentaire gracieux et contemplatif – une de ses caractéristiques principales - centré sur les origines et les liens familiaux : Dans ses bras (1992).
Une réalisatrice authentique
Kawase fait l’événement à Cannes avec son film de fiction Suzaku (1997) en remportant, à 28 ans, la Caméra d’Or… Le récit se focalise sur un arboriculteur dont le village est touché par la crise économique.
En 2007, Naomi Kawase remporte le Grand Prix à Cannes avec La Forêt de Mogari : la rencontre dans une maison de retraite entre une aide-soignante, affectée par la mort de son fils, et un veuf. A la suite d’un accident de voiture, les deux personnages vont se perdre dans la forêt et devoir affronter leurs émotions et leur souffrance…
Suivront ensuite dans sa filmographie Nanayomachi (2008), Koma (2009), Genpin (2010) et Hanezu (2011).
En 2014, avec son conte poétique Still the Water (2014), Naomi Kawase fait « un pas de côté par rapport à sa veine réaliste, autobiographique ». Sur l'île d'Amami, une adolescente est partagée entre sa relation harmonieuse avec la nature, son amour pour un garçon de la ville et sa souffrance face à la maladie de sa mère, chamane.
An (Les Délices de Tokyo) (2015) est une histoire de transmission du savoir culinaire entre une ancienne lépreuse et un artisan usé par la vie. Naomi Kawase y dénonce entre autres la brutalité de la société japonaise.
Dans Radiance (2017), un photographe à la vue déclinante s’éprend d’une jeune audio-descriptrice. Dans son travail, cette dernière doit trouver le bon rythme, le bon terme…Comme une belle métaphore de son travail de réalisatrice. Ce thème du processus de création destiné aux malvoyants est d’ailleurs assez inédit au cinéma.
Avec True Mothers (2020), tourné après Voyage à Yoshino, c’est la thématique de l’adoption et le poids des traditions qui sont explorés. Naomi Kawase « abat les murs de la fiction et rappelle (…) ses formidables débuts dans le champ du documentaire à la première personne. »
Le style Kawase
Naomi Kawase filme caméra à l’épaule, en lumière naturelle, souvent avec des comédiens non professionnels. Ses choix stylistiques : une composition minutieuse du cadre, un montage minimaliste, une emphase sur les silences. Kawase mêle subtilement éléments de fiction, images documentaires, vidéos et photographies de la société japonaise. Sa caméra capte les mouvements de la nature par l’entremise de plans de coupe ou de contre-jours poétiques. Ainsi, l’actrice principale de Still the Water reçoit l’instruction de « ressentir et faire ressentir la beauté de ces paysages ». Kawase souhaite « montrer les personnages en interaction avec cette nature, qui peut être très violente mais aussi extraordinairement belle ». Le cinéma de Kawase est contemplatif : il capte les gestes quotidiens de la culture japonaise extrêmement codifiée.
Thèmes abordés
L’absence parentale, les questionnements sur la vie et la mort, la communion avec la nature, le poids des traditions, l’impact de la modernisation sur les communautés rurales, la ville comme élément destructeur de la nature et des rapports sociaux, sont au cœur sa filmographie.
De nouveaux modes narratifs
Sa filmographie explore de nouveaux modes narratifs qui abandonnent les notions de progression dramatique et d’intrigue.
Artiste prolifique
Les projets artistiques de Kawase débordent du médium cinématographique : films publicitaires, DJ, calligraphie, écriture, photographie. Ce n’est pas un hasard si la réalisatrice est choisie pour tourner le documentaire officiel des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. C’est par le spirituel que la réalisatrice nourrit ce projet : en filmant un rituel séculaire, dans un temple près de chez elle. Naomi Kawase reste cohérente, même quand elle sort du médium filmique.
Sources consultées :
France culture, Screen Daily, Britannica, Le Monde, The Guardian, Le Monde, Libération, Les Inrocks.
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